La dernière séance
Deux films que j’attendais avec une certaine impatience dernièrement : “Miami Vice” de Michael Mann et “La science des rêves” de Michel Gondry.
N’ayant pas particulièrement suivi la série télévisée éponyme, mon intérêt pour “Miami Vice” tenait en un seul nom : Michael Mann. Dire que cet homme est l’un de mes réalisateurs fétiches serait un euphémisme eut égard à l’admiration que je lui voue depuis le visionnage de ses sublimissimes “Heat” (face à face inoubliable entre entre Al Pacino et Robert de Niro, tous deux en état de grâce !), “Révélations” (une histoire vraie plus qu’inquiétante interprétée avec brio par Al Pacino et alors méconnu Russell Crowe) ou encore “Collateral” (voyage au bout de la nuit californienne… et de la psyché humaine avec deux acteurs absolument magnifiques, Jamie Foxx et surtout Tom Cruise, ce dernier trouvant là le second meilleur rôle de sa carrière après son interprétation d’un gouru du sexe dans “Magnolia”). Et si son “Ali”, avec un Will Smith pourtant impeccable, m’avait plutôt déçu, je considère toujours un film de Mann comme un petit évènement personnel. :p
Bref, un film de Mann, avec deux acteurs que j’apprécie pas mal (Collin Farrell, que je suis de près depuis l’excellent “Tigerland” de Joel Schumacher, et Jamie Foxx qui ne cesse de confirmer depuis “Ray”)… Une combinaison a priori gagnante… Que nenni.
Au final, que reste t-il de ce long-métrage évènement ? Une “bouse esthétisante”… Comme d’habitude avec Mann, son film est visuellement superbe en tous points. Des couleurs aux plans de caméra, des lieux de tournage au look des personnages en passant par la musique. Rien à dire, c’est impeccable. Mais qu’on nous dise où se cache le scénario… ? Y en a pas ? Vous avez raison. C’est d’un pathétique… et surtout, d’un convenu ! Nous voyons défiler les pires clichés et poncifs du cinéma. C’est souvent surjoué et les dialogues sont régulièrement ahurissants de bêtise… C’est lourd, cliché, bourrin et d’un ennui abyssal. Une grosse déception… Et dire qu’il aurait suffit d’un bon script pour en faire une réussite.
A éviter si vous recherchez de la substance dans un film, à voir si le visionnage d’un “bel objet” suffit à occuper l’une de vos soirées.
Allez plutôt voir le très onirique (sic) “La science des rêves” de Michel Gondry… Très différent de “Eternal Sunshine of the Spotless Mind” (un véritable chef d’oeuvre, le meilleur rôle de Jim Carrey), moins désespéré et moins poignant, mais terriblement touchant et poétique. L’excellent Gael Garcia Bernal, acteur mexicain fétiche du réalisateur Inarittu (Amours chiennes, Babel), y campe un jeune franco-mexicain (Stéphane Miroux) qui revient à Paris après le décès de son mexicain de père. Il revient habiter dans l’appartement de sa mère (Miou-Miou), laquelle lui indique aussi la possibilité d’un job à prendre dans une fabrique de calendriers ringards où officie un Alain Chabat absolument déjanté (et génial !). Peu confiant en lui, grand timide pas encore tout à fait mûr, Stéphane fuit la vie pour se réfugier dans le monde du rêve. C’est une “maladie”, dit-on… L’incapacité de distinguer la réalité du monde du rêve… Un handicap qui va mettre notre héros dans des situations plus qu’embarassantes avec sa nouvelle voisine, la très belle et très imaginative Stéphanie (Charlotte Gainsbourg). Une vraie bouffée d’oxygène que ce film tendre qui nous rappelle que nous avons tous, quelque part, encore une âme d’enfant. Une vraie leçon de tolérance et d’amour. A ne pas manquer !